Bruno Boudjelal

France, Paris,  14 Avril 2020

« Réminiscence algériennes : De l’utilité des anciens en temps de confinement »
Mai 1993 en Algérie, nous étions confrontés à un confinement multiple, bloqués entre le couvre-feu allant du soir jusqu’au petit matin et l’impossibilité de circuler le jour à cause des barrages et des contrôles incessants.
Avec mon cousin Adel et ses amis, nous étions désespérés et réduits à regarder durant des après-midi interminables des films de Bruce Lee ou bien à discuter dans la voiture avec ses amis.
Un jour, mes tantes Aïcha et Nouara, la mère d’Adel, nous demandèrent de les conduire au village. Nous y sommes donc allés le lendemain, et à notre grande surprise ni à l’aller ni au retour, nous n’avons été arrêtés aux nombreux barrages croisés sur la route. De retour à la maison, au moment du dîner, nous avons, Adel et moi, remarqué que c’était la première fois que nous étions sortis un après-midi en voiture sans être contrôlés.
Le lendemain matin, au petit déjeuner, mes tantes Nouara et Aïcha sont venues nous parler et nous ont dit : « Vous avez vu, même en ces temps très difficiles, ici on respecte les anciens ! Nous avons donc décidé, pour vous aider vous les jeunes à bouger, que tous les après-midi nous serions à votre disposition pour vous accompagner dans vos balades. »
Et c’est ainsi que pendant plus d’un mois, elles nous accompagnèrent partout, balades au bord de la mer, matchs de foot, pique-niques… sans jamais le moindre problème, ni contrôle…