France, Paris, 18 mai 2020
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J’avais déjà eu l’occasion de prendre l’avion en des circonstances exceptionnelles. C’était juste après le 11 Septembre 2001, dès que les autorisations de vol avaient repris: terminal désert, avions très peu remplis et des forces de l’ordre en nombre en arrivant aux Etats-Unis.
L’expérience aujourd’hui est encore plus surréaliste, stupéfiante même. Il n’y a tout simplement personne.
15 minutes pour arriver a CDG en taxi sur une autoroute sans voiture. Un Terminal désert, vide, sans aucun bruit ni annonce, sans lumière.
L’enregistrement se passe en quelques minutes dans un chuchotement. Je suis seul a passer la sécurité dans cette espace immense, surdimensionné, seul. Je récupère mes sacs et je m’avance dans le dédale des magasins Duty Free, tous fermes.
Et j’en oublie même de faire des photographies tellement je suis abasourdi par ce silence de mort et cette absence de vie.
Arrivé à la porte d’embarquement, je croise de rares passagers, 5 ou 6, perdus dans cet endroit qui normalement grouille de monde. Un homme en combinaison blanche de protection attend son vol comme sorti d’un film de science fiction. New reality ?
Arrive le moment de l’embarquement avec une prise de température obligatoire pour monter dans l’avion. 10 heures de vol m’attendent a porter le masque en permanence. Une hôtesse me parle de sa sidération. En 25 ans elle n’avait jamais vu cela. Effectivement…Nous sommes 20 passagers dans un Boeing 777 avec 17 membres d’équipage: Sidération, le mot est faible.
Même constat en arrivant a LAX, cet aéroport-ville, ou les avions atterrissent et décollent sans interruption dans un ballet incroyable, cet aéroport qui est toujours sature, avec des queues dantesques a l’immigration ou a la douane, et des embouteillages qui rendent fou…. LAX est vide, a l’arrêt.
Prise de température à la sortie de l’avion, puis dans ce même silence, passage éclair par l’immigration ou un seul officier est présent alors qu’en temps normal ils sont une centaine… Idem pour la douane.
Sans même avoir eu le temps de réaliser je suis déjà sorti du Terminal fantôme.
Pas de foule qui attend les passagers. Pas de Police pour réguler les embouteillages. Aucune annonce. Pas de navette, ni de taxi ou Uber. Juste le silence…
Un ami venu me chercher m’attends tranquillement dans sa voiture…Je ne peux pas le rater, il n’y a que lui.
Je ne pense plus qu’a fuir cet endroit. Partir vite !
Une fuite pour trouver un peu de vie quelque part !
France, Paris, 18 May 2020
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I had already had the opportunity to fly in exceptional circumstances. It was just after September 11, 2001, as soon as the flight authorizations resumed: a deserted terminal, very few planes and a large number of law enforcement officers at the arrival in the US.
Today’s experience is even more surreal, astounding. There is simply no one around.
It takes 15 minutes to get to CDG by taxi on a car-free highway. A deserted Terminal, empty, without any noise or announcement, without light.
The recording takes only few minutes in a whisper. I am alone to pass through security in this immense, oversized space, alone. I pick up my bags and walk through the maze of Duty Free stores, all firm.
And I even forget to take photographs because I am so stunned by this silence of death and this absence of life.
Arriving at the boarding gate, I meet some rare passengers, 5 or 6, lost in this place that normally swarms with people. A man in a white protective suit is waiting for his flight as if he were in a science fiction movie. New reality?
Arrives the moment of boarding with a mandatory temperature reading to get on the plane. 10 hours of flight await me, wearing the mask permanently. A stewardess tells me about her astonishment. In 25 years she had never seen anything like it. Indeed…We are 20 passengers in a Boeing 777 with 17 crew members: Sideration, the word is weak.
The same thing happens when we arrive at LAX, this airport-city, where planes land and take off without interruption in an incredible ballet, this airport that is always saturated, with Dantesque tails at immigration or customs, and traffic jams that drive us crazy…. LAX is empty, at a standstill.
Taking of temperature at the exit of the plane, then in this same silence, lightning passage by the immigration where only one officer is present whereas in normal time they are a hundred… Same for the customs.
Without even realizing it, I have already left the Phantom Terminal.
No crowds waiting for passengers. No police to regulate the traffic jams. No announcements. No shuttle bus, no taxi or Uber. Just silence…
A friend who came to pick me up is quietly waiting for me in his car… I can’t miss him, he’s the only one there.
All I can think about now is running away from this place. Leave quickly!
Running away to find some life somewhere!