Dhaka, 21 juin 2020: ৯৪ / 94ème jour
দেজা ভ্যু / Déjà vu
Pouvez-vous voir quelque chose ici ? Vous ne pouvez pas ? Veuillez regarder de plus près ? Un beau visage enchanteur nous regarde ! Les yeux sont un peu fatigués, les larmes se sont accumulées dans les coins. La peau est sombre et brillante, légèrement humide, un peu de saleté est étalée sur le visage. La lumière scintille sur les bords de la peau. Les oreilles sont longues, les lobes d’oreille semblent bouger un peu. Suis-je intoxiqué ? Ou ces incidents se matérialisent-ils vraiment devant moi ?
Cela ressemble à la tête coupée d’une chèvre, libre à la vente sur une planche de bois, avec des gouttes de sang. Comment les oreilles bougent-elles, alors ? Où cela se passe-t-il ? Je n’entends rien, mais à en juger par la lumière, on dirait que c’est le milieu de l’après-midi. Cela ressemble à Thataribazar, mais pourquoi est-il vide de monde ? Il n’y a que des rangées de têtes de chèvres coupées. De toutes les couleurs. Noir et blanc, marron… des yeux si délicats et éthérés. Eh ! Tout l’espace autour de mes pieds est rempli de boue et de sang. Mon corps est comme repoussé. Je n’aurais pas dû porter de sandales pour aller au bazar. Est-ce que je rêve alors ?
Je vois souvent de telles images. Mais ces photos n’ont jamais été prises. Elles apparaissent de temps en temps, à leur guise. Je n’ai aucun contrôle sur ces événements. Mais quand cela arrive, je les laisse tendrement se manifester. Parfois, je les oublie, et quand je les vois soudain dans la réalité physique, je me dis : « Merde, où ai-je déjà vu ça ? Je ne m’en souviens pas. Je me mords la langue, je la marque comme du « déjà vu » ! Ranju parle à un cheval comme ça dans « Kheyal », en murmurant quelque chose. Duldul, duldul…
Traduction par @nituta.
Dhaka, June 21, 2020: ৯৪ / 94 days
দেজা ভ্যু / Déjà vu
Are you able to see anything here? You aren’t? Please look more closely? A beautiful enchanting face is looking at us! The eyes are a bit exhausted, tears have gathered at their corners. Glistening dark skin, slightly wet, a little dirt is daubed on the face. Light is sparkling at the edges of the skin. Long ears, the earlobes appear to be moving a bit. Am I intoxicated? Or are these incidents really materializing before me?
It seems, a goat’s chopped head is left for sale on a wooden plank, with drops of blood stains. How then are the ears moving? Where is this? I can’t hear anything, but judging from the light it looks to be mid-afternoon. It seems like Thataribazar, but why is it empty of people? Only row after row of chopped heads of goats. Of many colours. Black and white, brown…such delicate, ethereal eyes. Eh! The whole space around my feet is filthy with mud and blood. My body feels repulsed. I shouldn’t have worn sandals to the bazaar. Am I dreaming then?
I often see such images. But these photographs haven’t ever been taken. They show up time to time, as they please. I have no control over these occurrences. But when it happens, I tenderly let them transpire. At times I forget them, and then suddenly seeing the same in physical reality I think “Shit, where have I seen this?” I can’t recall. I bite my tongue, I mark it as déjà vu! Ranju speaks to a horse like this In Kheyal, muttering something. Duldul, duldul…
Translated by @nituta.
Dhaka, 20 juin 2020: ৯৩ / 93ème jour
বৃহস্পতিবার দুপুরবেলা/ Thursday Afternoon
J’ai découvert la musique de Brian Eno de façon étrange sur Facebook, pendant le confinement. Quelqu’un l’avait partagé. Parfois, quand je me sentais déprimé, je fermais les yeux et j’écoutais Brian Eno. Il m’a fait voyager, m’a gardé en paix.
Sans rythme, fluide et éthéré, j’écoutais surtout Thursday Afternoon. 61 min.
Dhaka, June 20, 2020: ৯৩ / 93 days
বৃহস্পতিবার দুপুরবেলা/ Thursday Afternoon
I discovered the music of Brian Eno strangely in Facebook just during this lockdown. Someone had shared. Sometime when I was feeling down, I would close my eyes and I listen to Brian Eno. It took me to different place, kept me in peace.
Beatless, flowing and ethereal, I was listening particularly to Thursday Afternoon. 61 min.
Dhaka, 19 juin 2020: ৯২ / 92ème jour
Ondulations
De 2017 à 2020, je me rendais assez souvent au camp de réfugiés de Rohingya. Parfois pour une mission, après quoi, je restais pour poursuivre mon travail personel. Il faut une heure et demie à partir de Cox’s bazar pour atteindre les camps. Nous avions l’habitude de commencer la journée avant le lever du soleil, afin d’éviter la lumière crue.
Plus je parlais avec les réfugiés, plus je réalisais ce que cela signifie de subir un génocide. Ou peut-être pas. Je ne pourrai jamais vraiment savoir ce que cela signifie… Un jour, j’ai interviewé Hasina begum. Elle m’a raconté comment son mari avait disparu et ensuite elle a appris qu’ils l’avaient tué. Elle n’a même pas eu le temps de faire ses bagages. Elle a quitté sa maison et a marché 5 jours dans la forêt avec ses petits bébés. « Pas de riz à manger, pas d’eau à boire, aucune chance de dormir. On a dû s’allonger sur la route. Certains s’allongeaient sur le foin. » Maintenant, au Bangladesh, dans les camps de réfugiés, parfois son fils se réveille au milieu de la nuit et demande : « Où est mon abba ? »
Hasina nous a demandé « dites-moi comment je peux répondre à mon petit fils ? Je n’ai pas de mots ». Sa voix tremblait.
Une fois le travail terminé, lorsque nous rentrions, il y avait la plupart du temps un lourd silence dans la voiture. J’avais l’habitude de me tenir devant l’immensité de la mer et de regarder les vagues. Comme si la mer allait me guérir !
Dhaka, June 19, 2020: ৯২ / 92 days
Ripples
From 2017 to 2020 I used to go to the Rohingya refugee camp quite often. Sometimes for an assignment, after which I would stay back for my own work. It takes 1.5 hour from Cox’s bazar to reach the camps. We used to start before sunrise, in order to avoid the harsh light.
The more I talked with refugees I realised, what it means to experience genocide. Or perhaps not. I will never be able to actually realise what it means… One day I interviewed Hasina begum. She told me how her husband disappeared and then she heard they killed him. She didn’t even have time to pack her belongings. She left her home and walked 5 days in the forest with her little babies. “No rice to eat, no water to drink, no chance to sleep. We had to lie on the road. Some lay on hay.” Now in Bangladesh, in the refugee camps, sometimes her son wakes up in the middle of night and asks, “where is my abba?”
Hasina asked us “tell me how I can answer my little son? I don’t have any words.” Her voice was trembling.
After finishing the work, when we would head back, most of the time there was a heavy silence in the car. I used to stand in front of the vastness of the sea and look at the ripples. As if the sea would heal me!
Dhaka, 18 juin 2020: ৯১ / 91ème jour
Quelqu’un nous regarde
Quelqu’un nous regarde constamment ! Soleil-coucher-lune – tout le temps, les choses qui sont publiques, privées, intimes, chaque instant ; extérieur-intérieur- partout, tout le temps. Nous ne pouvons même pas en effacer la totalité, même si nous le voulons. Nos habitudes, nos (dés)goûts, nos (dé)sires, nos remarques, nos mots, nos images, nos communications, comme si chaque chose possible était déposée sur un serveur inconnu et se transformait en données. Des appareils mobiles essentiels comme les smartphones, google search, facebook, i-cloud stockent en permanence notre empreinte numérique.
À l’époque du Covid-19, un pas de plus a été franchit et elle veut se fondre dans nos corps biologiques . Au nom des tests de dépistage, les processus de diagnostic inattendus sont accueillis sans critique, comme les bracelets biologiques et les applications de suivi mobile. Même des nanopuces sont installées pour assurer une surveillance ininterrompue du patient. De nouvelles méthodes de surveillance mondiale sont introduites au nom de la santé publique, tout comme la base de données biométriques mondiale d’identité après le 11 septembre ! Nos taux de pression artérielle, d’hémoglobine, de saturation en oxygène et de santé mentale, qui ne cessent d’évoluer, seront enregistrés dans notre passeport de santé numérique.
Ce que nous mangeons, ou ce que nous voyons… ce que nous pensons ou ressentons à propos d’un pays ou d’un gouvernement… l’ensemble de nos données traitées par la pensée… notre intellect est et sera régi par des sociétés multinationales ou par l’appareil d’État. La collecte de données pour la gouvernance et la surveillance se fera simultanément au-dessus et désormais sous de la peau dans laquelle nous vivons, et c’est ce que nous appellerons la « nouvelle normalité ».
Traduit par @jaheenamin. Merci à Zahir et Seuty pour leurs contributions.
Dhaka, June 18, 2020: ৯১ / 91 days
Someone is looking at us
Someone is looking at us constantly! Sun-sunset-moon – all the time, things those are public, private, intimate, every moment; exterior-interior- everywhere, everything. We cannot even erase its entirety if we want. Our habits, (dis)likes, (un)wishes, remarks, words, image, communication, as if every possible thing is being deposited in an unknown server, and turning into data. Essential mobile devices like smartphones, google search, facebook, i-cloud are continuously storing our digital footprint.
In the time of Corona, it has taken a step further and wants to merge into our biological bodies . In the name of corona tests, unexpected diagnostic processes are being welcomed uncritically , like biological bracelets and mobile tracking applications. Even nano-chips are being installed to ensure uninterrupted surveillance of the patient. New methods of global surveillance are being introduced in the name of public health, just like the global biometric identity database after 9/11! Our ever changing rates of blood-pressure, hemoglobin, oxygen saturation , mental health will be recorded in our digital health passport.
What we eat, or we see… think or feel about any country or government….. our whole thought-processed data… our intellect is and will be governed by multinational companies or the state apparatus. Collecting data for governance and surveillance will run simultaneously above and beneath the skin we live in, and this is what we will call the ‘New Normal’.
Translated by @jaheenamin. Thanks to Zahir and Seuty for the inputs.
Dhaka, 17 juin 2020: ৯০ / 90ème jour
Matin, midi et soir
Les médicaments de ma mère, 60 ans.
Dhaka, June 17, 2020: ৯০ / 90 days
Morning, Noon, Evening
Mother’s daily dose at 60.
Dhaka, 15 juin 2020: ৮৭ / 87ème jour
Pique-nique !
Quatre de nos cousins et moi, Khala, Mami, nous sommes tous allés pique-niquer. En fait, je ne me souviens pas si c’était l’un de nos anniversaires. Aucun d’entre nous ne se souvient non plus de l’endroit où nous sommes allés. La mémoire s’efface.
Mais ce dont je me souviens clairement, c’est de la façon dont nous y sommes allés. Huit d’entre nous étions entassés dans une voiture. Je suppose que c’était un break Toyota. Une voiture spéciale avec beaucoup d’espace à l’arrière. Trois d’entre nous sont restés assis pendant tout le voyage et c’était tellement amusant. Nous regardions à l’extérieur ce que nous avions dépassé. Comme si nous faisions face au passé.
Nous avons mangé des gâteaux, des biscuits et des jus de fruits. Les pulls et les châles semblent indiquer que c’est en hiver. J’aime la façon dont ces moments ont été capturés, les expressions subtiles, le sens de la profondeur de champ, le parc flou. Un aperçu de mon enfance !
Dhaka, June 15, 2020: ৮৭ / 87 days
Picnic!
Four of us cousins and ma, khala, mami, we all went for a picnic. I actually don’t remember if it was one of our birthdays. Also none of us recall where we went. Memory fades.
But what I remember clearly is how we went. Eight of us were packed in one car. I guess it was a Toyota station wagon. A special car with a lot of space at back. Three of us were sitting back for the whole journey and it was so much fun. We were looking outside what we were passing behind. As if facing past.
We had some cakes, biscuits and some juices. From the sweaters and shawls seems sometimes in winter. I love how the moments were captured, the subtle expressions, the sense of depth of field, the blurred park. A glimpse of my childhood!
Dhaka, 14 juin 2020: ৮৬ / 86ème jour
Là où le temps s’arrête
Je terminais ma deuxième année à Pathshala. À cette époque, je rendais visite à un groupe de théâtre appelé Prachyanat. J’y avais un ami nommé Jarnal qui m’a demandé de photographier le mariage de son frère à Sylhet. Le soir, après le mariage, mon ami a eu une soudaine envie d’aller faire un tour. Il a emprunté la moto de son père et nous sommes partis sur un chemin bétonné. La pluie tombait à verse, la moto passait au travers. Les gouttes de pluie nous transperçaient la peau à vive allure. Après avoir roulé un peu, il a quitté la route bétonnée et a pris un virage à droite. Nous sommes entrés dans un chemin non goudronné. Après avoir roulé encore un peu, j’ai réalisé que nous étions dans une plantation de thé, cela m’a semblé sinistre. Plus nous nous enfoncions, plus je me sentais étranger à l’environnement. La scène n’était pas celle d’une plantation de thé des publicités. On ne se sentait pas détendu en buvant ce thé. L’empreinte de l’esclavage médiéval était partout. Des restes de la colonisation britannique. La seule différence est que maintenant les propriétaires sont bengalis, pas britanniques, et pourtant l’injustice reste la même. . . J’ai dit à Jarnal « Dost je veux travailler ici ». Jarnal m’a dit que les gens ne donnent pas accès aux journalistes. Il a dit : « Tu peux prendre de jolies photos des jardins, mais il sera difficile de capturer la vie des ouvriers ». Alors j’ai comploté, me cachant et cherchant, j’ai photographié différentes plantation. J’ai compris que je n’étais pas capable de représenter ce que je voyais, ce que je sentais. Parfois, sous une chaleur torride, accompagnant l’échec de mon incapacité à photographier, je m’asseyais à l’intérieur des plantations. J’avais l’impression que le temps s’arrêtait.
Ces expériences ont changé ma vie.
Après une journée de travail, Champa et ses deux fils. Avec son perroquet sur le bras. Traduction par Iffat Nawaz (@nituta).
Dhaka, June 14, 2020: ৮৬ / 86 days
Where time stands still
I was completing second year of Pathshala. At that time, I used to visit a theater group called Prachyanat. There I had a friend named Jarnal, who requested me to photograph his brother’s wedding in Sylhet. In the evening after the wedding, my friend felt a sudden whim to go for a spin. He borrowed his Father’s bike and we headed off on a concrete path. Rain drizzled, motorbike whooshed through. The raindrops briskly pierced our skin. After riding for a bit, he left the concrete road and took a right turn. We entered an unpaved path. After traveling some more I realized we were in a tea garden, it felt eerie. The deeper we went, the more unfamiliar I felt with the surroundings. The scene was not of tea gardens from advertainments.. One wouldn’t feel relaxed drinking this tea. The imprint of medieval slavery was all over it. Leftover of British colonization. The only difference is that now the owners are Bengali, not British, yet the injustice remains the same. . . I told Jarnal “Dost I want to work here.” Jarnal told me people there do not give access to journalists. He said, “you can take pretty photos of the tea gardens, but capturing the life of the laborers will be difficult.” Then I plotted, hiding and seeking I photographed various tea gardens. I understood that I was unable to portray whatever I was seeing, sensing. At times, in scorching heat, accompanying the failure of not being able to photograph, I sat inside the plantations. If felt as though time stood still.
These experiences changed my life.
After a day of work, Champa and her two sons. With beloved parrot poised on her arm. Translation by Iffat Nawaz (@nituta).
Dhaka, 12 juin 2020: ৮৫ / 85ème jour
Une histoire d’amour, du Bihar au Bengale !
Je suis allé photographier le Muharram à Manikganj Gorpara. A deux heures de Dhaka. Après être descendu du bus, vous prenez une camionnette. Le van traverse des rizières verdoyantes et luxuriantes et atteint enfin le village. Le Muharram est traditionnellement célébré par la communauté musulmane chiite. J’ai découvert que beaucoup étaient en Matam (en deuil) et que beaucoup étaient des hommes âgés. Ils erraient autour des Imambari en chantant vigoureusement « ya Hussain…ya Hussain ». Les pleurs, les chants et l’errance pendant des heures ont mis les gens en état de transe. Certains se lamentaient alors sur la mort de l’imam Hussein en s’embrassant, d’autres ne pouvaient s’empêcher de tomber.
Depuis près de 175 ans, une famille organise le Muharram dans ce village. Tout a commencé lorsque le soufi Shah Abdur Rahman est allé étudier au Bihar et s’est marié à la fille d’un saint soufi. Mais la mariée était chiite et le marié était sunnite. Quand le marié a voulu faire venir sa femme et son beau-père au Bengale, ils n’ont pas voulu venir. Le Bengale est une région Sunnites qui ne célèbrent pas le Muharram. Pour les décider à venir ici, il a promis à sa femme d’organiser le Muharram, ce qui n’arrivait jamais dans ce village. Depuis lors, le Muharram est célébré à Manikganj Gorpara.
Cet acte de se tenir les uns les autres, de pleurer, de célébrer en tant que collectif est si spécial maintenant.
Dhaka, June 12, 2020: ৮৫ / 85 days
A love story, Bihar to Bengal!
I went to photograph Muharram in Manikganj Gorpara. Two hours away from Dhaka. After getting out of the bus you take a van. The van ran through green lush paddy fields and reached the village. Muharram is traditionally celebrated by the Shia Muslim community. I found many were in Matam (mourning) when a lot were old men. They were roaming around the Imambari vigorously chanting ‘ya Hussain…ya Hussain’. Actions of crying, chanting and roaming around for hours were reaching people to a trance state. Some then lamenting the death of Imam Hussain embracing each other, some couldn’t help falling down the backyard.
For almost 175 years the family has been organizing Muharram in this village. It started when Sufi Shah Abdur Rahman went to Bihar to study and got married to the daughter of a Sufi saint. But the bride was Shia and the groom was Sunni. When the groom wanted to bring his wife and father-in-law in Bengal, they were unwilling to come. Bengal is a locality of Sunni who do not celebrate Muharram. To bring them here, he promised his wife to arrange Muharram, which never used to happen in this village. SInce then Muharram is celebrated in Manikganj Gorpara.
This act of holding each other, crying, celebrating as a collective feels so special now.
Dhaka, 11 juin 2020: ৮৪ / 84ème jour
Khwaja Khizr
Plus je regarde ce tableau, plus je m’en approche. Je reviens sans cesse vers un inconnu. Sans savoir pourquoi !
Dans diverses traditions islamiques et non islamiques, Khizr est décrit comme un messager, un prophète, un wali, un esclave ou un ange, qui garde la mer, enseigne des connaissances secrètes et aide les personnes en détresse.
Prophète Khwaja Khizr Khan
Album « Miniatures, portraits et modèles d’écriture de l’Inde », école moghole, vers 1760, Bibliothèque nationale de France,
Département des impressions et de la photographie, réserve OD-60 PET FOL, f. 19. Don du colonel Gentil, 1785. Chat. RH n° 72
© Bibliothèque nationale de France
Dhaka, June 11, 2020: ৮৪ / 84 days
Khwaja Khizr
More I look at this painting the more I go closer. To an unknown I come back to again and again. Without knowing why!
In various Islamic and non-Islamic traditions, Khizr is described as a messenger, prophet, wali, slave or angel, who guards the sea, teaches secret knowledge and aids those in distress.
Prophet Khwaja Khizr Khan
Album « Miniatures, portraits and models of writing from India”, Mughal school, around 1760, National Library of France,
Department of Prints and Photography, OD-60 PET FOL Reserve,
f. 19. Gift of Colonel Gentil, 1785. Cat. RH n ° 72
© National Library of France
Dhaka, 09 juin 2020: ৮২ / 82ème jour
Osman Ali
Pour mon film, Kheyal, je cherchais des personnages. Une des esquisses de personnage était celle d’Osman Ali – un homme âgé reclus ayant diverses idiosyncrasies, folies – quelqu’un d’obsédé par les petits plaisirs de la vie. Osman Ali est un personnage qui observe la texture des murs anciens couverts de mousse dans les ruelles étroites de Farashganj, suintant de l’odeur de l’humidité, de la boue, de la pluie.
Il était difficile de trouver un acteur s’intégrant dans le moule du personnage. Franchement, les acteurs ne m’intéressaient pas, – je voulais quelqu’un qui joue le rôle, qui soit similaire, qui incarne Osman Ali. Et j’étais de plus en plus désespéré de trouver cette personne. Jusqu’à ce que, par une longue nuit brumeuse, sous le ciel ouvert, je vois Dulu bhai. Enveloppé dans son châle, il faisait partie du public du Bengal Classical Music Fest, où j’attendais moi aussi la performance de L. Subramaniam.
Dulu Bhai a cru à toutes mes idées folles – et a finalement insufflé la vie à Kheyal.
Dhaka, June 09, 2020: ৮২ / 82 days
Osman Ali
For my film, Kheyal, I was looking for characters. One of the character sketches was that of Osman Ali – an aged recluse, a man having various idiosyncrasies, follies – someone who was obsessed with the small pleasures of life. Osman Ali was someone, who would observe the texture of moss-covered ancient walls in narrow alleys of Farashganj, oozing with the aroma of moisture, of mud, of rain.
To find an actor fitting into the character’s mould was difficult. Frankly, I was not interested in actors, – I wanted someone to play the role, who was similar, who would embody Osman Ali. And I was slowly getting more and more desperate to find that someone. Until, on a misty late night, under the open sky, I saw Dulu bhai. Wrapped in his shawl, he was part of the audience of Bengal Classical Music Fest, where I too was waiting to listen to the performance of L. Subramaniam.
Dulu Bhai believed in all my crazy ideas – and ultimately breathed life into Kheyal.
Dhaka, 07 juin 2020: ৮০ / 80ème jour
Grenade
Nitu a passé son enfance dans une vieille maison de deux étages à Farashganj. À d’autres époques, la localité s’appelait French ou Farashi Town, mais de nombreuses langues et années l’avaient transformée en un seul mot – Farashganj. Nitu n’en aimait pas cette sonorité. Elle aimait cependant le bruit et l’absence de bruit des après-midi de Farashganj, pendant lesquels sa solitude devenait complète. Les siestes de sa mère, les rideaux tirés suspendus à la chambre de sa grand-mère signalant une interdiction d’entrer invisible, le vent des toilettes jouant avec les voilages, les arbres de différentes espèces, les murs ébréchés et fissurés, un toit à moitié cassé, un puits rond sans fond, une horloge en panne, quatre chats constituaient le monde de Nitu. Et une fenêtre avec six tiges de fer verticales. Nitu se tenait près de la fenêtre. Seule. Regardant fixement ce qui semblait être l’oubli.
En fin d’après-midi, il n’y avait presque aucun bruit. Les habitants de Farashganj encourageaient les siestes collectives à cette époque, induites par le plaisir d’un déjeuner avec du riz. Au loin un pheriwala criait « Journal, vieux journal ? » Les chats erraient sous la table à manger, pour encore plus de chaleur et de restes. Nitu se tenait près de la fenêtre du deuxième étage, absorbé par la cueillette et la consommation d’une grenade entière. Comme si toute la béatitude de cette terre était cachée en elle. Un jus violet clair coulait sur les joues et le menton de Nitu. Jusqu’à ce que soudain, la mère de Nitu, d’une voix à peine réveillée, l’appelle « Nitu, Nitu ! ».
Une grenade à moitié mangée, près de la fenêtre de gauche, reste là, éparpillée et abandonnée.
Texte de Iffat Nawaz (@nituta) et moi.
Dhaka, June 07, 2020: ৮০ / 80 days
Pomegranate
Nitu’s childhood years were spent in an old two-storied home in Farashganj. At more privileged times the locality was called French or Farashi Town, but many tongues and years had turned it into one word – Farashganj. Nitu did not like the sound of it. She did however like the noise and noiselessness of Farashganj’s afternoons, during which her aloneness became complete. Her Ma’s naps, drawn curtains hanging on Grandma’s room signaling an invisible do-not-enter sign, the loo wind playing with non-transparent veils, trees of various species, chipped and cracked walls, a half-broken roof, a bottomless-round well, a malfunctioning grandfather clock, a far-away-at-work Baba, four cats made up Nitu’s world. And a window with six vertical iron rods. Nitu would stand by the window. Alone. Staring unblinkingly at what seemed to be the oblivion.
Late afternoons held almost no sounds anywhere. People of Farashganj encouraged collective naps around this time, induced by the pleasure of a lunch with rice. Afar a pheriwala would call out “Paper, old paper?” The cats roamed underneath the dining table, for yet more warmth and leftovers. Nitu would stand by that window of the second floor, absorbed in plucking and eating a whole pomegranate. As though all the bliss of this earth is hidden inside it. Light purple, violet juice trickled down Nitu’s cheeks, chin. Until suddenly Nitu’s Mother, in a just-awakened-voice called her “Nitu, Nitu!”.
A half-eaten pomegranate by the left-behind window, remained scattered and abandoned.
Tex by Iffat Nawaz (@nituta) and me.
Dhaka, 06 juin 2020: ৭৯ / 79ème jour
মুদ্রা/ Mudra
B Roll- Kheyal
Août 2015
Johnson road
Dhaka, June 06, 2020: ৭৯ / 79 days
মুদ্রা/ Mudra
B Roll- Kheyal
August, 2015
Johnson road
Dhaka, 04 juin 2020: ৭৭ / 77ème jour
সুমনের গান/ Chansons de Suman
C’était en 1998, vers la fin de l’année scolaire. Je commençais peu à peu à comprendre ce que la vie pouvait signifier. Ce jour-là, un petit lecteur de cassettes Sony reposait à mon chevet. Un album de HMV intitulé « Jatiswar » est arrivé chez moi. La première strophe de la première chanson disait : « Je veux que Santal parle dans sa langue maternelle à l’ONU ». En une ligne, il a brisé le masque du nationalisme et a laissé la lumière entrer sur les visages des indigènes. Et quelle belle mélodie ! Un curieux mélange de poésie et de politique. Il n’a pas compromis l’art tout en soulevant des questions sur le système de valeurs conventionnel. Portant un jean et un t-shirt, il chantait chanson après chanson .
Avec le temps, Suman a vieilli. Moi aussi, j’ai quitté l’adolescence et je suis entré dans l’âge adulte. Mais mon corps est toujours recouvert de ses chansons. Comme si Suman, avec une emprise légère et tendre, m’avait appris à voir, à vivre dans cette ville brute. La poussière des rues, le baiser des amoureux, les railleries de la police, le soulèvement de masse, la fleur de Nayantara, les matins mielleux, le shehnai de Bismillah, les stations de l’Esplanade, les mélodies qui s’élèvent de la vie – et bien d’autres choses encore. Des chansons si catégoriques, urbaines et pourtant si rêveuses, que je n’avais pas entendues depuis des lustres.
J’avais envie d’aller à Calcutta et de m’asseoir à côté de lui, tranquillement, un jour. Cela ne s’est pas produit. Mais parfois, je pense qu’il vaut mieux rester un peu loin des êtres chers. Il est maintenant trois heures du matin et je vais dormir. Suman chante : « Bondhu, dis-moi, comment vas-tu ? Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas rencontrés ».
Traduit par Iffat Nawaz (@nituta), Merci à @hasanimamshiplu de m’avoir prêté les cassettes de HMV.
Dhaka, June 04, 2020: ৭৭ / 77 days
সুমনের গান/ Songs of Suman
It was 1998, towards the end of the schoolyear. I was gradually starting to fathom what life might mean. Those day, a small Sony cassette player rested by my bedside. Somehow an HMV album titled “Jatiswar,” came to my belonging. The first song’s first line went, “I want Santal to speak in his native tongue at the UN.” In one line he shattered the mask of nationalism and let light enter over indigenous faces. And what a beautiful tune! A curious mix of poetic and politics. He did not compromise art while raising questions about the conventional value system. Wearing a pair of jeans and a t-shirt he sang song after song. .
With time, Suman aged. I too left my teenage years and walked into adulthood. But still my body is cloaked with his songs. As though, Suman with a light and tender hold, taught me how to see, to live in this crude city. Street dust, lover’s kiss, taunts of police, mass uprising, Nayantara flower, honeyed mornings, Bismillah’s shehnai, Esplanade’s stations, melodies ascending out from life – and so much more. Such adamant, urban, yet dreamy songs, I hadn’t heard in ages. .
I had fancied going to Kolkata and sitting by him quietly someday. It didn’t happen. Though sometimes I feel maybe it’s best to stay a little far from beloved ones. It’s now 3 am, and I will go to sleep. Suman is singing – “Bondhu, tell me, how do you do? t’s been so long since we have met.”
Translated by Iffat Nawaz (@nituta), Thanks to @hasanimamshiplu for lending me the HMV cassettes.
Dhaka, 01 juin 2020: ৭৪ / 74ème jour
Ellipse
Les formes sont les minuscules périphéries exposées d’un ensemble plus vaste sans forme. Sans début ni fin, ni utilité, ni définition. Seule la continuité s’écoule sans souffle dans ce qui est, se heurtant aux structures obscures de la volonté, la transformant en rétrospective de ce qui était trop tôt, haletant, haletant et pourtant en avant.
Texte d’Iffat Nawaz
Admirable nombre pi :
trois virgule un quatre un.
Chaque décimale est à la fois la suivante et la première
cinq neuf deux, puisqu’il est un chiffre sans fin.
Trop vaste six cinq trois cinq pour le saisir d’un seul regard
huit neuf, d’un simple calcul
sept neuf, avec l’imagination
trois deux trois huit, ou d’un jeu de mots
Trop vaste pour le comparer quatre six
à quoiqu’il soit dans le monde.
Le plus long serpent terrestre cesse d’exister
au bout de quarante mètres.
De même, mais légèment plus loin, les serpents de légendes.
Wislawa Szymborska (Prix Nobel polonais : 1996)
Dhaka, June 01, 2020: ৭৪ / 74 days
Ellipse
Forms are the exposed minute peripheries of the vaster formless. Without beginnings and ends, usefulness, or definitions. Only continuity runs breathlessly in what Is, bumping into the obscure structures of what Will, turning it into the retrospective what Was all too soon, panting, gasping yet forward.
Text by Iffat Nawaz
The admirable number pi:
three point one four one.
All the following digits are also initial,
five nine two because it never ends.
It can’t be comprehended six five three five at a glance,
eight nine by calculation,
seven nine or imagination,
not even three two three eight by wit, that is, by comparison
four six to anything else
two six four three in the world.
Wislawa Szymborska (Polish Nobel Laureate: 1996)
Dhaka, 31 mai 2020: ৭৩ / 73ème jour
বোধ
জীবনানন্দ দাশ
আলো –অন্ধকারে যাই- মাথার ভিতরে
স্বপ্ন নয়,- কোন এক বোধ কাজ করে !
স্বপ্ন নয়- শান্তি নয়-ভালোবাসা নয়,
হৃদয়ের মাঝে এক বোধ জন্ম লয়!
আমি তারে পারি না এড়াতে,
সে আমার হাত রাখে হাতে;
সব কাজ তুচ্ছ হয়,-পণ্ড মনে হয়,
সব চিন্তা – প্রার্থনায় সকল সময়
শূন্য মনে হয়,
শূন্য মনে হয় !
Dhaka, May 31, 2020: ৭৩ / 73 days
Sensation
Jibanananda Das
Into the half light and shadow go I. Within my head
Not a dream, but some sensation works its will.
Not a dream, not peace, not love,
A sensation born in my very being.
I cannot escape it
For it puts its hand in mine,
And all else pales to insignificance—futile, so it seems,
All thought—all times of prayer,
Seem empty,
Empty, so it seems.
Translated from the Bangla by
Clinton B. Seely
Dhaka, 30 mai 2020: ৭২ / 72ème jour
Comme si une pluie de météorites se produisait !
Il a plu presque toutes les nuits. Des nuages sombres, des tonnerres. Sur la ceinture côtière, le signal numéro 10 a déjà été annoncé. J’essayais de photographier depuis ma fenêtre. Plus tard, j’ai découvert des lignes étranges dans toutes les directions. Comme si une pluie de météorites se produisait. J’étais surpris. Parfois, l’appareil photo voit ce que nous ne voyons pas. Cela élargit l’idée que l’on se fait du monde dans lequel nous vivons.
Image 2 – Pluie de météores des Perséides du 6 et 7 septembre.
Image 3- Orbite de la pluie de météores du mois d’août, Diagramme de 1872
Dhaka, May 30, 2020: ৭২ / 72 days
As if meteor shower happening!
It was raining almost every night. Dark clouds, thunders. At the coastal belt already number 10 signal was announced. I was trying to photograph from my window. Later found some strange lines in all other direction. As if meteor shower happening. I was surprised. Sometimes camera sees what we don’t see. It expands our idea of the world we live in.
Image 2- Meteor shower on chart, Perseid meteor shower of September 6 and 7.
Image 3- August meteor shower orbit, Diagram from 1872
Dhaka, 29 mai 2020: ৭১ / 71ème jour
Soprano – Alto
Ces jours-ci, l’ancienne chanteuse écrit des notes sur les oiseaux, les abeilles et les grillons. Elle les enferme dans son carnet. Elles se mêlent ensuite aux couches intérieures plus chaudes de son manteau d’hiver, les lamentations passées de son cœur. Ensemble, de nouvelles chansons sont créées. Elle a quitté la chorale depuis longtemps. Son timbre de soprano résonne encore, piégé par les murs de l’église. Elle ne chante plus, elle gribouille à la place. Les chants restent enfermés entre son oreille gauche bouchée et l’envie qu’elle porte à un certain rouge-gorge alto.
Texte de Iffat Nawaz @nituta. Merci à @reetusattar
Dhaka, May 29, 2020: ৭১ / 71 days
Soprano – Alto
These days the ex-songstress writes down notes of birds, bees and crickets. Locks them in her notebook. They then mingle with the warmer inner layers of her winter coat, her heart’s past laments. Together new songs are created. She left the choir long back. Her soprano tone echoes still, trapped by church walls. She doesn’t sing anymore, she scribbles instead. Songs stay locked between her blocked left ear and the envy she carries for a certain robin’s alto gasps.
Text by Iffat Nawaz @nituta. Thanks to @reetusattar
Dhaka, 28 mai 2020: ৭০ / 70ème jour
চোখ / Chokh (d’après Hitchcock)
Une volée de 200 oiseaux Shamuk-khol s’était perchée dans trois arbres Shimul du village de Bajitpur à Natore et la plupart sont tombés au sol jeudi matin, car ils ne pouvaient pas suivre le rythme du cyclone Amphan. Les villageois les ont tous capturés, abattus, cuisinés et mangés.
Selon Abdul Quader, pendant trois mois, les oiseaux se sont nourris dans les marécages environnants, puis sont revenus dans les arbres la nuit. Il est devenu vigilant, car les yeux affamés étaient toujours à l’affût. Quader courait de maison en maison, mais il était déjà trop tard.
En 1963, Alfred Hitchcock a réalisé The Birds. Une série de violentes attaques soudaines et inexpliquées d’oiseaux sur les habitants de Bodega Bay, en Californie. Un jour, les oiseaux pourraient venir pour nous.
Dhaka, May 28, 2020: ৭০ / 70 days
চোখ / Chokh (after Hitchcock)
A flock of 200 Shamuk-khol birds had perched in three Shimul trees of Bajitpur village of Natore and most fell to the ground on Thursday morning as they could not keep up with the hit of Cyclone Amphan. The villagers captured, slaughtered, cooked and ate all.
According to Abdul Quader, for three months, the birds would feed on the surrounding swamps and then would come back to the trees at night. He became vigilant as hungry eyes were always at lurk. Quader ran from house to house but it was too late by then.
In 1963, Alfred Hitchcock made The Birds. A series of sudden and unexplained violent bird attacks on the people of Bodega Bay, California. One day the birds might come after us.
Dhaka, 27 mai 2020: ৬৯ / 69ème jour
Histoire de chiffres
Comment quantifier notre expérience de vie ou comment le nombre donne un sens à la vie ? Le temps fait tic-tac à chaque instant et nous vieillissons avec les chiffres. Les nombres sont partout ; nous sommes entourés de cent milliards de galaxies et nous ressentons l’essence du monde avec cinq sens ou sept chakras. Les terres du Bengale produisent d’innombrables grains de riz, mais la famine de 1943 a pris trois millions de vies sur la terre la plus fertile. .
Les nombres sont pairs ou impairs, le nombre convertit l’individu en collectif pour lutter contre la chance. Les nombres remplacent les vies par des statistiques, alors que les millions de cadavres de Covid contribuent à un graphique exponentiel. Les nombres déterminent la fortune de millions de vies ; peut-être seulement par ses schémas et non par sa signification. Le nombre pourrait-il être vu comme un texte ou une texture ? Le nombre reste dans son propre mystère d’existence.
Texte de @tanzim.wahab
Dhaka, May 27, 2020: ৬৯ / 69 days
Story of Numbers
How do we quantify our living experience or how number gives meaning to life? Time ticks on each moment and we age with numbers. Numbers are everywhere; we are surrounded by hundred billion galaxies and we feel the essence of world with five senses or seven chakras. The lands of Bengal produce countless number of rice grains but the famine of forty-three took three million lives from the most fertile land. .
Numbers are even or odd, number converts individual to collectives to fight against the odds. Numbers replaces lives with statistics, when millions of dead-bodies in Covid contribute to an exponential graph. Numbers determine fortune of million lives; perhaps only through its patterns and not by its meaning. Could number be seen as text or texture? Number remains in its own mystery of existence.
Text by @tanzim.wahab
Dhaka, 26 mai 2020: ৬৮ / 68ème jour
দুধ দাঁত/ Dent de lait
La dent de Mikail, aujourd’hui.
আন্দ্রেউষকার ছোট ছোট দাঁত উঠেছে। ও-যে কি অদ্ভুত স্বর্গীয়। মনে হয় ওকে খুঁটিয়ে খুঁটিয়ে দেখেই কাটিয়ে দেয়া যায় সারাটা জীবন। .
Les nouvelles dents d’Andriushka sont arrivées. Elle est si céleste qu’on peut continuer à la regarder pour toujours.
17 mars 1971 / Andrei Tarkovsky / Le temps dans le temps, Les journaux intimes 1970-1986
Dhaka, May 26, 2020: ৬৮ / 68 days
দুধ দাঁত/ Milk tooth
Mikail’s tooth today.
আন্দ্রেউষকার ছোট ছোট দাঁত উঠেছে। ও-যে কি অদ্ভুত স্বর্গীয়। মনে হয় ওকে খুঁটিয়ে খুঁটিয়ে দেখেই কাটিয়ে দেয়া যায় সারাটা জীবন। .
Andriushka new teeth has come. He’s so heavenly one can go on watching him forever.
17 March, 1971 / Andrei Tarkovsky / Time within time, The diaries 1970-1986
Dhaka, 25 mai 2020: ৬৮ / 68ème jour
Dadu!
Après la prière de l’Aïd, la première chose que nous faisions habituellement était d’aller saluer Dadu. Ici Abba rencontrant Dadu après Namaz. Dadu bénit Abba. Nous célébrons habituellement notre Aïd à Mirpur, notre village natal. De partout, tous les cousins, chacha-chachi et autres parents viennent célébrer l’Aïd. Cette année, nous sommes séparés.
Abba est né après presque dix ans de mariage de mes grands-parents, et finalement une pièce d’or dans la vie de ma Dadu. Pour Abba, le reste du monde est d’un côté et sa mère de l’autre. Il n’y a rien entre les deux. Dadu nous a quittés il y a quelques années.
Eid Mubarak à tous.
Dhaka, May 25, 2020: ৬৮ / 68 days
Dadu!
After Eid prayer the first thing we used to do is salam dadu. Here Abba meeting Dadu after Namaz. Dadu is blessing Abba. We usually celebrate our Eid in Mirpur, our home village. From everywhere all cousins, chacha-chachi and other relatives come to celebrate Eid. We are separated this year.
Abba born after almost ten years of my grandparents marriage, and eventually a piece of gold in my dadi’s life. For Abba rest of the world is one side and his mother is at other side. Nothing is in between. Dadu left us few years back.
Eid Mubarak everyone.
Dhaka, 24 mai 2020: ৬৭ / 67ème jour
Chand raat!
Mikail découvre l’existance de Tom et Jerry !
Merci à Sarker chacha de nous avoir envoyé le lien Google Drive.
Maintenant, c’est sans fin.
Dhaka, May 24, 2020: ৬৭ / 67 days
Chand raat!
Mikail just realised there is something like Tom and Jerry!
Thank you Sarker chacha for sending us the google drive link.
Now this is endless.
Dhaka, 23 mai 2020: ৬৬ / 66ème jour
Pain et confiture
Nous avons pris un train de Dhaka à Khulna. Le train avait du retard, comme d’habitude. Nous sommes arrivés à la gare de Kamalapur tôt le matin. Nous étions huit dans un compartiment, compact. Nous allions à Sunderbans. Cela a pris dix heures, nous avons chanté, dormi, mangé. Je n’ai jamais vu la lumière changer de façon aussi belle. Parfois, les petites choses ont l’air spéciales.
Dhaka, May 23, 2020: ৬৬ / 66 days
Bread and Jam
We took a train from Dhaka to Khulna. The train was late as usual. We arrived at Kamalapur railway station early in morning. There was eight of us in one compartment, compact. We were going to Sunderbans. It took ten hours, we sang, we slept, we ate. I have never seen the light shifting so beautifully. Sometime little things look special.
Dhaka, 22 mai 2020: ৬৫ / 65ème jour
Rien à écrire
Dhaka, May 22, 2020: ৬৫ / 65 days
No words to write
Dhaka, 21 mai 2020: ৬৪ / 64ème jour
সব কিছু ভেঙ্গে পড়ে/ Tout s’écroule
Abri anticyclonique détruit, omble de Dublar, Sunderban, 2012.
Pluies abondantes, marées atteignant jusqu’à 3 mètres ; au moins 5 personnes meurent.
Amphan, formé dans le golfe du Bengale le samedi, s’est transformé en super cyclone en 18 heures seulement le lundi. S’il s’est progressivement affaibli, il est resté un cyclone extrêmement violent. Des centaines de villages ont été inondés à Bhola, Patuakhali, Barguna, Khulna, Bagerhat et Satkhira. Et des raz-de-marée ont frappé les zones d’omble à Barguna, Patuakhali, Bhola, Barishal et Laxmipur.
Source : www.thedailystar.net
Dhaka, May 21, 2020: ৬৪ / 64 days
সব কিছু ভেঙ্গে পড়ে/ Everything falls down
Broken cyclone shelter, Dublar char, Sunderban, 2012.
Heavy rains, tidal surges up to 9 feet; at least 5 die; 50 lakh without electricity; over 24 lakh people moved to cyclone shelters.
Amphan, formed in the Bay of Bengal on Saturday, turned into a super cyclone within just 18 hours on Monday. But it gradually weakened and became an extremely severe cyclone. Hundreds of villages were inundated in Bhola, Patuakhali, Barguna, Khulna, Bagerhat and Satkhira. And tidal surges battered the char areas in Barguna, Patuakhali, Bhola, Barishal and Laxmipur.
Source- www.thedailystar.net
Dhaka, 20 mai 2020: ৬৩ / 63ème jour
বৃষ্টির আদর/ Rain heals
En 2012, vers le mois d’avril, @reetusattar, @lotusquest, Shoma et moi sommes allés à Bandarban. Notre repaire était dans le bon vieux Milonchori. Un matin, nous sommes allés en voiture à Chimbuk. Environ 21 kilomètres… voici les photos de ce voyage.
Dhaka, May 20, 2020: ৬৩ / 63 days
বৃষ্টির আদর/ Rain heals
2012, sometimes in April, me, @reetusattar, @lotusquest and Shoma went to Bandarban. Our den was in good old Milonchori. One morning we drove to Chimbuk. Around 21 kilometre…photographs are from that trip.
________________
বৃষ্টির আদর
ঢেকে দেয় অশ্রু
নিশ্চুপ পাহাড়ে
ঝি ঝি পোকার গল্প
গন্ধ অদৃশ্য কিন্তু
অনুপস্থিতি দৃশ্যমান
ঝড় যায়
বৃক্ষ পড়ে থাকে
Rain heals
Also hide tears
Hills are silent
Crickets do their talking
Smell is unseen
Absence is visible
Storms move away
Fallen trees remain.
Written by @lotusquest
Dhaka, 19 mai 2020: ৬২ / 62ème jour
Mangifera indica.
Il n’y a que deux types de personnes dans le monde. Les gens qui aiment les mangues et les autres qui n’aiment pas ça. Pas de discussion. Point final.
La raison pour laquelle je publie ce dessin de Berthe Hoola Van Nooten, vieux de cent cinquante-sept ans, c’est parce qu’on ne trouve plus de mangue au marché. Mon ami dit que l’air de Rajshahi-Chapai est plein d’odeur de mangue. Mais il n’y a rien à Dhaka. Alors la saison passe en regardant ce dessin. Oh, mon Dieu !
Berthe Hoola van Nooten ((1840 – 1885)) est une artiste botanique néerlandaise, surtout connue pour sa série Fleurs, Fruits et Feuillages Choisis de l’Ile de Java.
Dhaka, May 19, 2020: ৬২ / 62 days
Mangifera indica.
There are only two types of people in the world. People love mango and people don’t. No discussion. Period.
The reason to post this one hundred fifty seven year old drawing by Berthe Hoola Van Nooten is to let you all know mango is unavailable at the fruit market. My friend is saying Rajshahi- Chapai’s air is full of mango smell. But there is nothing in Dhaka. So the season is passing looking at this drawing. Oh God!
Berthe Hoola van Nooten ((1840 – 1885)) was a Dutch botanical artist, most famous for her series Fleurs, Fruits et Feuillages Choisis de l’Ile de Java.
Dhaka, 18 mai 2020: ৬১ / 61ème jour
I turned blue, for someone I knew.
Après avoir publié sans cesse des photos ces derniers jours, j’ai pensé que je devais faire une pause. En choisissant de faire de la photographie j’ai pu parcourir les champs, les rivières, les ports, les courants et les sous-courants de cette terre. J’ai perdu la logique de mon esprit en poursuivant des images, en voyageant des îlots de Chilmari aux jungles des Sundarbans. Lorsque je suis allé photographier les inondations, celui dont la maison était sous l’eau m’avait appelé pour me dire : « Aree bhai, arrête de brûler et de souffrir sous ce soleil brûlant, rejoins-nous plutôt pour deux bouchées de riz ». Ainsi sont les gens de notre pays.
Quand j’étais jeune, ma mère écoutait la chanson d’Abbas Uddin « Har kala korlam re », chantée par Alamgir, un enregistrement probablement réalisé par la télévision du Bangladesh. Après avoir grandi, je suis allé photographier le Brahmapoutre. Flottant sur sa poitrine, la véritable essence de ce qu’Abbas Uddin avait chanté m’est apparue. Quelle voix compatissante il portait ! Comme la terre molle du Bengale, sa voix se plie, se brise et engloutit le cœur.
Concernant Abbas Uddin, Farhad bhai avait déclaré : « Abbas Uddin n’était pas seulement un chanteur, si les chanteurs de l’époque actuelle pensent qu’Abbas Uddin a conquis le cœur des gens juste en chantant, ils se trompent lourdement. Abbas a façonné les aspirations et les luttes de son époque ».
Écrit par Jasimuddin, composé par Abbasuddin Ahmed. Le poème est traduit par la petite-fille d’Ahmed, Nashid Kamal. Merci à @armeenmusa pour son aide. Vidéo éditée par @s.das.15, texte traduit par @nituta. Dessin recueilli sur Gunijan.org.
Dhaka, May 18, 2020: ৬১ / 61 days
I turned blue, for someone I knew.
After incessantly posting photographs for the past few days I thought I will give it a pause. By choosing to do photography, one good thing had come out of this life of mine– I got to roam the fields, rivers, ports, currents and undercurrents of this land. I lost my logical mind’s track following the allure of images, traveling from Chilmari’s islets to the jungles of Sundarbans. When I had gone to photograph floods, the one whose home was under water had called me out to say, “Aree bhai, stop burning and suffering under that scorching sun, join us for two bites of rice instead.” So are the people of our land.
When I was young, my Mother would listen to Abbas Uddin’s song “Har kala korlam re,” sang by Alamgir, a recording possibly done by Bangladesh Television. After I grew up, I went to photograph Brahmaputra. Floating on her bosom, the true essence of what Abbasuddin had sung dawned on me,. What a compassionate voice he carried! Like the soft soil of Bengal, his voice bends, breaks and engulfs one’s heart.
Regarding Abbas Uddin, Farhad bhai had said, “Abbas Uddin wasn’t just a singer, if the singers of the current era think that Abbas Uddin won people’s hearts just by singing, they would be so very wrong. Abbas shaped the yearnings and struggles of his time.”
Written by Jasimuddin, composed by Abbasuddin Ahmed. The poem is translated by Ahmed’s granddaughter, Nashid Kamal. Thanks to @armeenmusa for helping us out. Video edited by @s.das.15, Text translated by @nituta. Drawing collected from Gunijan.org.
Dhaka, 17 mai 2020: ৬০ / 60ème jour
Par un matin d’hiver.
Au cours d’un hiver froid en 2014, je suis allé à Chittagong pour photographier un Maizvandari Orosh (anniversaire de la mort des saints soufis) pour mon projet « In God we Trust ». Ashraf m’y a emmené. J’ai toujours voulu explorer ces sous-cultures de l’Islam qui sont issues de la tradition soufie. Ils nous ont accueillis à cœur ouvert et nous avons séjourné dans la maison d’un descendant d’un saint. Nous avons mangé l’Akhni traditionnel (du biriyani cuisiné surtout avec du bœuf et du buffle).
Le jour de la fête principale, dès le petit matin, des pèlerins ont commencé à venir de divers régions du pays. Nous étions submergés par le bruit et l’intensité de la foule massive et chacun apportait ce qu’il avait à sacrifier. Des grosses vaches aux offrandes plus petites.
Après un moment à prendre des photos parmi la foule, je me suis rendu compte qu’il était presque impossible de faire quoi que ce soit ici. Nous avons commencé à marcher dans les allées les plus proches et nous sommes arrivés dans un village. Après un certain temps, nous avons marché sur un pont qui surplombait un petit canal. Nous nous sommes reposés avec le vent et nous avons ralenti. Soudain, j’ai vu un rayon de couleur qui passait et je me suis demandé si c’était vrai ! Après un certain temps, nous avons réalisé qu’il s’agissait de restes de fleurs dont les pélerins n’avaient pas besoin pour les guirlandes de fleurs. Je me suis rendu compte qu’en fait toutes les choses intéressantes se passent à la marge.
Dhaka, May 17, 2020: ৬০ / 60 days
On a Winter Morning.
In a cold winter of 2014, I went Chittagong to a Maizvandari Orosh (death anniversary of Sufi Saints) to photograph for my project ‘In God we Trust’. Ashraf took me there. I always wanted to explore these subcultures in Islam which came from more Sufi tradition. They welcomed us with an open heart and we stayed in a house of a descendant of a Saint. We ate the traditional Akhni (biriyani cooked especially with beef and buff).
On the main festival day from early morning pilgrims started to come from different parts of the country. We were overwhelmed by the noise and intensity of the massive crowd and everyone was bringing whatever they have to sacrifice. From a big cow to the little offerings.
After a while taking pictures among the crowd, I realised it’s almost impossible to do anything here. We started walking down to the nearest alleys and reached to a village. After some time we walked on top of a bridge where a small canal was flowing by. We were resting with the wind and slowing down ourselves. Suddenly I saw a ray of color floating by and I was thinking is it real! After some time we realized its all leftover flowers that they didn’t need for the flower garlands. I realised actually all the interesting things happen in periphery.
Dhaka, 16 mai 2020: ৫৯ / 59ème jour
Borges et l’aveuglement.
« L’aveugle vit dans un monde assez incommode, un monde imprécis duquel émergent quelques couleurs : dans mon cas, encore le jaune, encore le bleu (mais ce bleu peut être du vert, encore le vert (mais ce vert peut être du bleu) Le blanc a disparu ou se confond avec le gris. Quant au rouge, il a complètement disparu mais j’espère qu’un jour – je suis un traitement-il y aura une amélioration et que je pourrai voir cette grande couleur, cette couleur qui resplendit dans la poésie et qui a de si beaux noms dans tant de langues . Pensons à Scharlach, en allemand, à scarlet, en anglais, escarlata, en espagnol, écarlate, en français . Mots qui tous semblent dignes de cette grande couleur. le jaune, par contre est le terme amarillo, en espagnol; yellow, en anglais, qui ressemble tellement à amarillo;je crois qu’en viel espagnol on disait amariello. »
— Jorge Luis Borges
Dhaka, May 16, 2020: ৫৯ / 59 days
Borges and blindness.
« The blind live in a world that is inconvenient, an undefined world from which certain colors emerge: for me, yellow, blue (except that the blue may be green), and green (except that the green may be blue). White has disappeared, or is confused with grey. As for red, it has vanished completely. But I hope some day — -I am following a treatment — -to improve and to be able to see that great color, that color which shines in poetry, and which has so many beautiful names in many languages.
Think of scharlach in German, scarlet in English, escarlata in Spanish, ecarlate in French. Words that are worthy of that great color. In contrast, amarillo, yellow, sounds weak in Spanish; in English it seems more like yellow. I think that in Old Spanish it was amariello. »
— Jorge Luis Borges
Dhaka, May 15, 2020: ৫৮ / 58 days
Mikail’s ear.
Surrounded by my father, Munmun, Seuty and Mawa, I am standing outside the labour at the hospital. I can almost hear my heart’s throbbing. And then he just appeared.
The first sight, the first flood of excitement – I can still feel in my every nerve, in my every muscle. But outside that labour, before even recollect myself, I found my father is reciting Azaan in Mikail’s ear.
Mikail’s ear for a show (In God we Trust) as a parenthesis of complex and personal relationship with Islam. The makeshift nature of the space in Paris at gallery Le 247 in a multicultural neighborhood has been very special. I still think this show is one of the important shows in my life. I managed to break free of my comforts. Thanks to Simon and Thierry.
Thanks to Anik for helping me to cast.
Dhaka, 15 mai 2020: ৫৮ / 58ème jour
L’oreille de Mikail.
Entouré de mon père, Munmun, Seuty et Mawa, je suis en dehors de la salle de travail à l’hôpital. J’entends presque mon cœur battre. Et puis il est apparu.
Le premier regard, le premier flot d’excitation – je peux encore le sentir dans tous mes nerfs, dans tous mes muscles. Mais en dehors de cela, avant même de me revenir à moi, j’ai découvert que mon père récitait Azaan à l’oreille de Mikail.
L’oreille de Mikail pour une exposition (In God we Trust), comme parenthèse d’une relation complexe et personnelle avec l’Islam. La nature artisanale de l’espace à Paris, à la galerie Le 247, dans un quartier multiculturel, a été très particulière. Je pense toujours que cette exposition est l’une des plus importantes de ma vie. J’ai réussi à me libérer de mon confort. Merci à Simon et Thierry.
Merci aussi à Anik pour son aide.
Dhaka, 14 mai 2020: ৫৭ / 57ème jour
Divisé.
À Singapour, pour une raison que j’ignore, je n’ai jamais eu le besoin de sortir pour photographier. Cela ne m’est même jamais venu à l’esprit. Mais cela m’a aidé à être à l’intérieur. À la fin de la résidence, j’ai commencé à regarder la lumière qui arrivait dans mon studio. Un rayon de lumière intense à travers les portes métalliques l’après-midi. C’est la seule chose que j’ai photographiée encore et encore.
Dhaka, May 14, 2020: ৫৭ / 57 days
Divided.
In singapore for some reason I never felt to go out to photograph. It never occurred to me even. But then it helped me to be inside. At the end of the residency I started looking at the light coming to my studio. A sharp ray of light through the metal doors in the afternoons. Thats the only thing I photographed again and again.
Dhaka, 13 mai 2020: ৫৬ দিন / 56ème jour
Devant un soleil noir.
Il y a quelques années, j’ai commencé à faire des portraits des gens autour de moi. Surtout de mes amis. Des artistes, des écrivains, des photographes, des acteurs, des architectes, des militants. Parfois, nous développions des portraits au fil des conversations. Nous parlions de nos rêves, de nos peurs, de nos identités.
L’idée était de faire reposer ce portrait pendant 10 ans dans une boîte. Et voir comment le sens change au fil du temps avec les vies, les relations. Cette mise au repos m’a poussé à creuser dans mes archives.
Nupur. Assise devant le soleil noir. Photographiée en 2012.
Dhaka, May 13, 2020: ৫৬ দিন / 56 days
In front of a black sun.
Few years back I started making portraits of people around me. Mostly my friends. Artist, writers, photographers, actors, architects, activists. Sometimes we were developing portraits over conversations. We talked about our dreams, fears, identities.
The idea was to rest this portrait for 10 years in a box. And see how the meaning shifts over the course of time with lives, relationships. This locked down pushed me to dig into my archive.
Nupur. Sitting in front of the black sun. Shot in 2012.
Dhaka, 10 mai 2020: ৫৩ দিন / 53ème jour
Les négatifs ne fanent jamais !
Il y a presque 20 ans, j’ai commencé à prendre des photos. J’avais un appareil photo russe Zenit, je n’ai jamais su comment donner de l’exposition et le compteur n’a jamais fonctionné. Mais j’aimais le processus, sortir, regarder dans les viseurs, développer la pellicule, passer en boucle, tant de choses à explorer.
La photographie m’a donné un refuge et m’a poussé à voyager, à voir, à agir et à explorer. Après 20 ans, j’ai ouvert mon tiroir de vieux négatifs. Pour vérifier s’ils dorment bien. Tout d’un coup, une odeur connue s’est mise à se réveiller. J’ai commencé à chercher un de mes premiers négatifs. Et j’ai trouvé cette image.
J’ai été étonné par la ténacité de l’objet lui-même. L’arbre flou, l’architecture de la feuille transparente, les couleurs inversées, les points, l’émulsion, les chiffres. Je suppose que ce confinement nous pousse à regarder à l’intérieur de nous même.
Dhaka, May 10, 2020: ৫৩ দিন / 53 days
Negatives never wither away!
Almost 20 years ago, I started taking photographs. I had a Russian Zenit camera, never knew how to give exposure and also the meter never worked. But I loved the process of going out, looking through the viewfinders, developing the film, going through the loop, so much to explore.
Photography gave me refuge and pushed me to travel, to see, to act and explore. After 20 years I opened my drawer of old negatives. To check If they are sleeping well. All of a sudden a known smell started to wake. I started looking for one of my first negatives. And found this piece.
I was amazed by the tenacity of the object itself. The blurred tree, the architecture of transparent sheet, the reverse colours, the dots, the emulsion, the numbers. I guess this lock down pushes us to look inside.
Dhaka, 09 mai 2020: ৫2 দিন / 52ème jour
RGB
L’expérience phénoménologique de la couleur
Rouge, vert et bleu
L’un chevauche l’autre.
Dhaka, May 09, 2020: ৫2 দিন / 52 days
RGB
The phenomenological experience of color
Red, green and blue
One overlaps the other.
Dhaka, 08 mai 2020: ৫১ দিন / 51ème jour
ত্রিকোণমিতি/ Trigōnon
যা দেখিনি আগে,
মাথার উপড়ে অবিরত
আলো, রেখা, কোন।
Ce que je n’ai jamais vu,
Au-dessus de moi, sans fin
La lumière, les lignes, les arêtes.
Dhaka, May 08, 2020: ৫১ দিন / 51 days
ত্রিকোণমিতি/ Trigōnon
যা দেখিনি আগে,
মাথার উপড়ে অবিরত
আলো, রেখা, কোন।
What I never beheld,
Above me, endless
Light, lines, edges.
Dhaka, 07 mai 2020: ৫০ দিন / 50ème jour
La lune.
Cette photographie fait partie d’un long travail (Spring song) dans le camp de réfugiés Rohingya, à Teknaf, au Bangladesh.
ক্ষুধার রাজ্যে পৃথিবী-গদ্যময়:
পূর্ণিমা-চাঁদ যেন ঝলসানো রুটি । .
« Un monde dévasté par la faim est rendu si prosaïque,
La pleine lune ressemble à du pain grillé »
Sukanta Bhattacharya
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Les familles à faibles revenus du pays souffrent d’une forte baisse de leurs revenus depuis l’application des mesures de distanciation sociale et de verrouillage pour lutter contre la COVID-19. L’extrême pauvreté a augmenté de 60 % par rapport à la situation antérieure, tandis que 14 % des personnes n’ont pas de nourriture à la maison.
Ce tableau de l’impact économique et de la perception de la maladie est ressorti d’une enquête nationale menée par le BRAC. Au total, 2 675 personnes issues de milieux à faibles revenus dans les 64 districts ont participé à l’enquête menée du 31 mars au 5 avril 2020.
Dhaka, May 07, 2020: ৫০ দিন / 50 days
The moon.
ক্ষুধার রাজ্যে পৃথিবী-গদ্যময়:
পূর্ণিমা-চাঁদ যেন ঝলসানো রুটি । .
« A world devastated by hunger is rendered so prosaic,
The full moon looks like grilled bread »
Sukanta Bhattacharya
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Low-income families of the country are suffering a great decline in their earnings since the enforcement of social distancing measures and lockdowns to fight COVID-19. Extreme poverty has hiked 60 percent than before, while 14 percent people do not have any food at home.
This picture of economic impact and disease perception came through a countrywide survey conducted by BRAC. A total of 2,675 respondents from low-income backgrounds in all 64 districts participated in the survey carried out from 31 March – 5 April 2020.
Dhaka, 06 mai 2020: 49ème jour
Le courage est contagieux !
Cette photo a été prise il y a 14 ans, lorsque les gens manifestaient contre la société minière britannique Asia Energy, aujourd’hui Global Coal Management, à Phulbari, au Bangladesh.
Des personnes en civil se présentant comme membres du « Bataillon d’action rapide » ont enlevé l’écrivain Mushtaq Ahmed, le dessinateur Kishore Kabir et le militant de Rastra Chinta Didarul Islam Bhuiyan qui critiquent le gouvernement. Ils ont été capturés dans leurs maisons de Lalmatie, Ramna et Uttar Badda, la capitale, lundi et mardi.
Selon Amnesty International, COVID-19 ne doit pas être un agent pathogène de la répression. Comme certains gouvernements profitent de ce moment pour supprimer des informations pertinentes qui les mal à l’aise ou utiliser la situation comme prétexte pour réprimer les voix critiques. En tant que citoyen du Bangladesh souverain, nous exigeons leur libération inconditionnelle.
Dhaka, May 06, 2020: 59 days
Courage is contagious!
This photograph was taken 14 years back, when people were protesting against the UK-based mining company Asia Energy, now Global Coal Management, in Phulbari, Bangladesh. 2006.
Plainclothes people introducing themselves as members of ‘Rapid Action Battalion’ picked up writer Mushtaq Ahmed, cartoonist Kishore Kabir, and activist of Rastra Chinta Didarul Islam Bhuiyan who are critical of the government. They were picked up from their houses in the capital’s Lalmatia, Ramna and Uttar Badda on Monday and Tuesday.
According to Amnesty International COVID-19 must not be a pathogen of repression. As some governments are exploiting this moment – to suppress relevant information uncomfortable for the government or use the situation as a pretext to crack down on critical voices. We as a citizen of sovereign Bangladesh demand unconditional release of all of them.
Dhaka, 05 mai 2020: ৪৮ দিন / 48ème jour
Virus et vaccin.
Issue de la série « Seeds Shall Set us free ».
En quelques mois, un virus de taille microscopique a arrêté le monde.Londres, Milan, Paris, New York sont aujourd’hui vides. Avions de guerre à un million de dollars, armes nucléaires, état de super-défense, rien ne peut fonctionner aujourd’hui. La race humaine a capitulé. Ce minuscule virus nous a poussés dans les maisons. Nous avons soudain commencé à reconnaître que ce monde appartient aussi aux serpents, aux grenouilles, aux oiseaux, aux poissons, aux sauterelles, aux vers, à la terre, aux arbres, au vent. Nous attendons le vaccin comme si tout devait revenir à la normale. Nous n’écoutons pas l’appel de la nature. Selon le chercheur Pavel Partha, « nous devons changer ce processus de pensée ethnocentrique. Les humains ne sont qu’une espèce parmi d’autres. Le temps du Corona a soulevé cette préoccupation. Est-ce que nous écoutons encore ? ».
Dhaka, May 05, 2020: ৪৮ দিন / 48 days
Virus and vaccine.
Art works from the series “Seeds Shall Set us free ».
In few months a micro size virus stop the world. London, Milan, Paris, Newyork are empty today. Million dollar war planes, nuclear weapons, state of super defence nothing can work today. Human race has surrendered. This minuscule virus pushed us into houses. We suddenly started recognize this world also belongs to snakes, frogs, birds, fishes, grasshoppers, worms, soil, trees, wind. We are waiting for the vaccine as if everything should be back into normal state. We are not listening to call of nature. Researcher Pavel Partha says “we have to change this ethnocentric thought process. Human are just another species like other crore species. Time in Corona has raised this concern. Are we listening still?”.
Dhaka, 04 mai 2020: ৪৭ দিন / 47ème jour
I grow old…
তিনি বৃদ্ধ হলেন… বৃদ্ধ হলেন…
বনষ্পতির ছায়া দিলেন সারাজীবন।
কবির সুমন • • • • • • • • • • • •
___________
Je vieillis, je vieillis…
Je ferai au bas de mes pantalons un retroussis.
T. S. Eliot • • • • • • • • • • • •
Dhaka, May 04, 2020: ৪৭ দিন / 47 days days
I grow old…
তিনি বৃদ্ধ হলেন… বৃদ্ধ হলেন…
বনষ্পতির ছায়া দিলেন সারাজীবন।
কবির সুমন • • • • • • • • • • • •
___________
I grow old … I grow old …
I shall wear the bottoms of my trousers rolled.
T. S. Eliot • • • • • • • • • • • •
Dhaka, 03 mai 2020: 46ème jour
Libérez Kajol !
« Shafiqul Islam Kajol a disparu le 10 mars dans le vieux Dhaka. Après 54 jours, il a été arrêté par le BGB alors qu’il traversait Benapole, la frontière de Sadipur. Comment a-t-il disparu ? Ou a-t-il été arrêté ? Où était-il pendant 54 jours ? Sans aucun document de voyage, comment s’est-il rendu en Inde ? Pourquoi a-t-il voulu revenir en confinement ? Pourquoi les Bangladais s’enfuient toujours vers l’Inde ou en reviennent ? » écrit le journaliste Probhash Amin.
Cinquante-trois jours après sa disparition, le photojournaliste Shafiqul Islam Kajol a été retrouvé à Benapole. Le BGB (Benapole Border Guard Bangladesh) a déposé une plainte contre Kajol pour « entrée illégale au Bangladesh depuis l’Inde par la frontière de Benapole ». La police va bientôt présenter le photojournaliste devant un tribunal, a déclaré le CO.
Aujourd’hui, en cette journée mondiale de la liberté de la presse, nous demandons aux autorités de libérer immédiatement le photojournaliste Shafiqul Islam Kajol et d’abandonner toutes les charges retenues contre lui.
Image 1- Illustration par @madpaule
Image 2 – Le journaliste disparu Kajol est arrêté pour « intrusion » à Benapole. 3 mai 2020.
Photographie de Ehsan Ud dowla
Image 3 – Des photographes et des militants sociaux bangladais se rassemblent pour demander au gouvernement de retrouver la trace du photojournaliste disparu Kajol, à Dhaka, le 18 mars 2020. Photographie de @suvrakantidas
Dhaka, May 03, 2020: 46 days
Free Kajol !
“Shafiqul Islam Kajol went missing on 10 March from Old Dhaka. After 54 days he was arrested by BGB while crossing Benapole, Sadipur boarder. How did he go missing? Or he was picked? Where have he been for 54 days? Without any travel document how did he travel to India? Why did he like to come back in lock-down? Why Bangladeshis always runaway to or reappear from India?” wrote journalist Probhash Amin.
Fifty-three days after his disappearance, photojournalist Shafiqul Islam Kajol has been found in Benapole. The Benapole Border Guard Bangladesh (BGB) filed a case against Kajol for « entering Bangladesh illegally from India through Benapole border ». Police will produce the photojournalist before a court soon, the OC said.
Today, On world Press freedom day, we urge the authorities to immediately release photojournalist Shafiqul Islam Kajol and drop all charges against him.
Image 1- Illustration by @madpaule
Image 2- Missing journalist Kajol arrested for ‘trespassing’ in Benapole. May 3, 2020.
Photograph by Ehsan Ud dowla
Image 3- Bangladeshi photographers and social activists gather in a protest demanding government trace missing photojournalist Kajol, in Dhaka, March 18, 2020. Photograph by @suvrakantidas
Dhaka, 02 mai 2020: ৪৫ দিন / 45ème jour
Dhaka, May 02, 2020: ৪৫ দিন / 45 days
রূপক/ Rupak
আমি বলি ভাত, মিকাইল বলে গাছ
আমি বলি ছাতা, মিকাইল বলে মাথা। এই আমাদের জীবন
উলট আর পালট।
আমি যা দেখি তুমি কি তা দেখ?
আমি দেখি একটা গাড়ি! মিকাইল বলে ধুৎ এটা একটা জুতা
Rice, I say,
Mikail says Mice!
Umbrella! I utter,
Mikail calls it a
Thunder!
This life that is ours,
Totally
Out of order!
Do you see, what I see?
I see a car
and Mikail,
‘Duh! That’s a shoe!’
Dhaka, 01 mai 2020: 44ème jour
Paper like skin
C’est le nom de la première rétrospective de Zarina Hashmi qui a eu lieu au Hammer Museum en 2012. Lignes, frontière, alphabets, partition, maison. Je ne lui ai jamais parlé. Mais ses lignes ont une profonde influence sur mon travail, subtilement. Zarina est décédée le 26 avril 2020.
J’ai eu la chance d’exposer mon travail Spring song à ses côtés dans le cadre de l’exposition Homelands, organisée par Devika Singh.
Dhaka, May 01, 2020: 44 days
Paper like skin
Thats the name of Zarina Hashmi first retrospective in Hammer Museum in 2012. Lines, border, alphabets, partition, home. Never spoke to her. But her lines have profound influence on my work, subtly. Zarina passed away on April 26, 2020.
I was lucky to show my work Spring song along side with her in kettle’s yard in a exhibition, Homelands curated by Devika Singh.
Dhaka, 30 avril 2020: 43ème jour
Respiration synthétique
Dhaka est sous confinement, et il pleut toute la journée, l’indice de qualité de l’air ne descendrait toujours pas à « sain ». Pas de circulation, pas de bureau, la qualité de l’air à Dhaka est de 147 aujourd’hui (Insalubre). D’où vient la pollution ? Voyez ce qu’on ne peut pas voir !
Dhaka, April 30, 2020: 43 days
Synthetic Breathing
Dhaka is under lockdown, and it’s raining throughout the day, the air quality index would still not go down to « Healthy. » No traffic, no office, Dhaka air quality is 147 today (Unhealthy). Where the pollution is coming from? See what you don’t see!
Dhaka, 29 avril 2020: 42ème jour
Diaries from home
Nous sommes enfermés chez nous. Il semble que ce n’est pas prêt de changer.
7105 cas positif jusqu’à aujourd’hui.
Le gouvernement a décidé de ne même pas effectuer le test rapide de Gonoshasthaya.
Dhaka, April 29, 2020: 42 days
Diaries from home
We are locked in home. It don’t seems like nothing going to change soon.
7105 positive till today.
Govt. decided to not even test the Rapid test kit by Gonoshasthaya.